mercredi 17 novembre 2021

Ceux qui ne me tuent pas et ce qui ne te tues point

Hier, marchant à la lisère d'un bois, je me promenais avec mon chien. Les chaussettes détrempées par la rosée des plantes situées entre ce bois et des jardins partagés. Le duo que nous formons réalise, chacun à notre manière, "l'enthousiasme", le fait de porter en soi cette joie éphémère reçue en observant la course du soleil, lors d'une matinée printanière. Tous les deux admirateurs d'un vivant qui reprenait toute une place, afin que cette chose qu'est la vie, puisse renaitre sous toutes ses formes à nouveau en ce début d'année 2021.

La hauteur des pattes de mon chien limitait sa course, mais elle limitait surtout sa liberté d'agir comme il le voulait dans cette verdure touffue composée d'orties, de ronces, de fausses rhubarbes et d'herbes hautes en tout genre. Ces vies vertes avaient poussées là dans une fin de zone urbaine. Libre et heureuse de se dégourdir les pa-pattes est ma louloute, elle n'est pas un tractosaure qui peut aller où il veut, comme il veut à la force du pétrole. Tu n'es que ce petit être vivant a qui ronces et coques de châtaigne de 2020 rappellent comme le milieu où tu te trouves peut être rude et impraticable. Tout comme il peut l'être pour moi et mes éponges aux pieds. Tu auras testé et tu auras appris que peut-être il valait mieux pour toi éviter d'aller par là. Plus riche de vies en sera le monde. Ha...si seulement nous avions tous un peu de ta sagesse, nous n'oserions peut-être pas aller par là non plus... 

Par les pieds, je ressentais la fraicheur de cette eau perlant de ces hautes herbes. Mon petit chien lui aussi ressentait cet élément froid qui plaquait ses poils contre sa peau. La différence avec moi est qu'il est adaptée à ces situations humides, tellement bien adaptée, que ma petite chienne n'y prêtait guère d'attention. Ses pa-pattes nues, sa truffe planté au sol, elle aspirait les cartes d'identités des petites vies qui étaient passées, par-ci, par-là durant la nuit.  Une seule de ses aspirations suffit à la mettre au parfum de tout, alors que moi et mes sens aux aguets, nous restions sourd et ignorant. Ma chienne levait la tête de temps en temps pour contrôler si je ne m'étais pas perdu dans cette zone cerné de macadam et de béton. Nous étions deux explorateurs marchant l'un à coté de l'autre, l'un surveillant l'autre confiant et complices, dans une ambiance matinale aux couleurs chatoyantes de l'aurore d'un printemps qui cherchait à s'installer comme il pouvait, là où il le pouvait. 

 


Mes yeux exploraient une à une les fleurs et branches des végétaux à la recherche d'un indice m'indiquant le passage d'une chenille, d'une toile d'araignée, d'un insecte, du plus petit bio-organisme vivant me certifiant que la vie reprenait ses droits ici dans ce milieu collé à notre civilisation. Mon chien et moi, nous avions pu marcher ainsi, deux jours durant, puis vint un troisième jour. Ce jour terrible ou débroussailleuses et mécaniques assourdissantes avaient tant œuvré, que le vivant fût stoppé net dans sa course à la vie, entre ces bois et cette zone de jardins partagés. Ce que j'ai pu être naïf à l'idée de croire que nous laissions un peu de place au vivant ici entre cultures humaines et bois. Ce matin différent des deux autres avait un gout d'amertume et une odeur d'herbes broyées. Ce jour me donnait à voir plus que la vision désastreuse d'idées pensées bonnes (l'impossibilité du cycle de vie d'une plante autant que celle de ses hôtes sensés l'habiter). Pour mon chien, ce jour fût celui de son regard perdu sur un environnement mis en morceaux, dont il ne comprenait plus le langage odorant. Ce lieu de promenades habituelles riche d'informations était devenu pour lui sans plus aucun sens, car transformé en hachis végétale (nouvelle matière qui était totalement incompréhensible pour sa conscience).

Ce troisième jour, fût celui où je vis également au travers des grillages limitant l'accès à ces jardins partagés, une personne aspergeant les plantes de son potager avec de la chimie. Alors sur l'instant m'a tête bugga et m'interrogea ainsi : a qui sert le fait que l'on massacre autant de plantes avec des lames montées sur nos chairs et nos cerveaux d'humains, si au même moment juste à côté, nous nous arrachons les organes a grand coup de molécules chimiques ? Le désherbant massacre-t-il les regards niais du grand enfant que je suis ? N'en avons-nous pas suffisamment respiré au cours de nos vies, ma chienne et moi de ces criminels du vivant ? Demain, ce fou va-t-il avaler son cancer en salade ? Notre âme est-elle ce fromage à trous ne comprenant les choses qu'avec le peu de matière dont il est constitué ?  

C'est terrible de savoir à quel point le fait d'être ignorant, ou dans un déni de tout, peut nuire à cette personne qui ne fait que se mentir à elle même. Alors que radio et télévision, nous vendent tous les jours des COP numérotées, afin de les crédibiliser sur des actes futurs qui ne seront jamais actés et des voitures électriques qu'il nous faut absolument acheter, ou encore d'autres biens qui sont tout autant de non sens à la vie et au vivant. Pour mon chien tout ce que les humains font ou n'usent n'a aucun sens, tout ça pour lui, ça n'est que hachis végétals incompréhensibles. Mon chien lui ne veut que courir et vivre sans avoir une truffe qui lui fait mal au cerveau, quand il renifle une bouffée d'air au ras du sol. Il veut pouvoir continuer à mâcher de l'herbe fraiche, quand il en ressent le besoin et il sait très bien qui est celui qui lui donnera à manger à la fin de sa balade. 

 

 

Je songe encore que ma tête est à l'origine de ces questions bêtes dont la plus stupide qui est : Qu'est ce qui fait que ces gens restent sourd au vivant, pourquoi s'opposent-ils à la vie encore aujourd'hui avec une telle force ?

J'en sais fichtre rien...je sais juste que de nos jours, et durant ces 20 dernières années, il est physiquement impossible que nous n'ayons pas tous entendu dire par les médias, les journaux, les associations de défense de la nature que : la couche d'ozone disparaissait, le climat n'est plus le même nul-part, des mégatonnes de plastiques sont en mer comme sur et dans la terre, des ondes de multiples natures nous traversent en permanence...bref une liste désastreuse sans fin, dont nous sommes les principaux auteurs et responsables. Je ne comprends pas par où il faut commencer où terminer pour que l'homme comprenne qu'il lui faut arrêter d'être con, qu'il se doit de stopper sa bêtise, une bonne fois pour toute immédiatement. Il n'y a presque plus d'oiseaux, presque plus d'insectes, presque plus de pollinisateurs, presque plus de...presque plus de...plus rien quoi.

Et cet été, une personne me titille, sur le fait de la présence de mon petit chien (qui est d'une taille supérieurs aux insectes) sur un domaine public, alors que sur ce même domaine, des tas de gens nuisent aux vivant des lieux. Arbres aux branches arrachées pour en faire des barbecues, des déchets plastiques parsemés au quatre coins du site, des pollutions de l'eau tous les ans avec des crèmes solaires, des carburants brulés pour de la plaisance, des oiseaux protégés tirés au lance pierre, et j'en passe des vertes et des pas mures...alors, certes, comme il est facile pour ces humains de s'en prendre a un animal de compagnie, enfin s'en prendre immédiatement à un être différent de nous, qui est sans défense et qui prend ce plaisir en courant sur l'herbe ou le sable. Mais, savoir et se remettre en question en tant qu'humain sur ce que l'on fait de bien ou de mal chaque jour, depuis des décennies, ces gens là, ne le désir pas et n'en n'ont, pour la plupart, même pas conscience, car leur cerveau n'a avalé, et ce depuis leur tendre enfance, qu'un hachis végétal. Ces êtres devenus produits ultra-transformés sont aussi devenus les propriétaires d'une jalousie incommensurable à ne pas avoir un aussi beau poil protecteur que celui de mon chien. Ils sont jaloux de ne pas le voir chier des crottes en plastiques sur les quelles ils pourraient marcher en toute sérénité le mercredi avec leurs gosses ou des dimanches en famille.

Pourtant si ces gens savaient que mon chien est plus propre que les trois quarts des visiteurs de ce sites. C'est triste à écrire mais ni la beauté, ni la vulgarité de ces phrases ne sauverons rien ni personne. Ma conviction est que personne ne souhaite être sauvé par qui que se soit. Nous somme une masse en mouvement, qui tel un blob détruisons tout sur notre passage avec tout ce que l'on a actuellement sous la main. Certains affirment que l'humain est le parasite de la terre, mais nous ne méritons même pas en tant qu'humain cette dénomination de parasite. Car nous sommes pire que les animaux au final. Nous ne respectons rien que se soit ici où ailleurs (sur terre ou dans l'espace depuis l'ère des fusées). Quand aux animaux, ces êtres vivant ne prélèvent jamais plus que ce dont ils ont besoin et sont rarement en apesanteurs.




Hier mon clavier m'a lâché, alors je me suis acheté un clavier luminescent multi-couleurs d'occasion. J'aime voir ses couleurs défiler quand je l'utilise. Mon chien lui s'en fout totalement de cet objet, installé sur le canapé, il dort paisiblement. Il rêve à ses courses, quand je vois le bout de ses petites pa-pattes gigotées. Et l'objet ne fait rien d'autre que m'envoyer des couleurs émises que ma vue accepte, je les vois et les accepte telles qu'elles sont, car elles sont ainsi faites et nul autrement tout comme ma conscience constate et accepte le triste résultat planétaire de décennies d'abus (surconsommations, pollutions, déforestations, destructions des biotopes, acharnement commercial, urbanisation à outrance, etc) qui sont actuellement catastrophiques. 

Repensant maintenant à cette personne actionnant avec force le levier de son pulvérisateur, je l'imagine voir et ramasser ses salades sans limace, même si au cœur de ses laitues y logent d'autres insectes. Avant de les manger il a du les couper et les laver, en se disant peut-être, que la chimie dont il a usé ce printemps était totalement inefficace et qu'il lui faudrait en 2022 une autre plus forte, afin que son potagé soit encore mieux protégé. Mais, ce lobotomisé n'a et ça à aucun moment porté son regard sur cette large bande située entre bois et jardins. Seules ses plantes et légumes auront compté pour lui. Jamais il ou elle, ne se sera interrogé sur la raison pour laquelle cette zone ait été débroussaillée (fait empêchant prolifération de chenilles, de punaises, etc...empêchant que ces jardiniers n'usent justement de cette chimie). Je repense également aux tondeuses et aux souffleurs de feuilles mortes, je me dis que ces autres personnes ne voient qu'un environnement sale sans leurs gestes quotidiens. Aujourd'hui, j'observe à nouveau des lignes avioniques dans le ciel et me demande que voit depuis le ciel toutes ces personnes depuis leurs fauteuils volants ? 

Que souhaite-t-on vraiment voir finalement, de ce que l'on est, et de ce que l'on fait ? Que souhaite-t-on voir de notre réalité et de ces gens qui nous gouvernent ? Que souhaite-t-on vraiment...vivre ou mourir ? Ceux qui ne me tuent pas aujourd'hui sont-ils persuadés que leur mission est réussie ? Et ce qui ne te tues point aujourd'hui est-il vraiment sans conséquences pour autrui, demain ? Ma réalité est que si je ne nourris pas mon chien, il finira par mourir. Faut-il que nous continuons, ainsi, a ne pas prendre soin de nos environnements, et ce qui nous entoure tant dans la civilisation, que pour le vivant dans lequel nous nous trouvons tous depuis toujours ? Quand allons-nous nous défaire de ces croyances issues de ce que l'on veut nous faire croire comme justes et bonnes pour nous ? Quand allons-nous commencer à vivre sereinement en mangeant beaucoup moins de hachis végétal ?


Kaze


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